Le Cancer ?

Introduction

Qu'es ce que le cancer ?

C’est un ensemble de maladies graves, mortelles en l’absence de traitement efficace, caractérisées par une prolifération incontrôlée de cellules anormales.

Les cancers font partie des maladies non transmissibles. Même si certains cancers peuvent être provoqués par des agents infectieux transmissibles, virus en particulier, un cancer n’est pas directement transmissible.

Il existe plus d’une centaine de cancers différents pouvant affecter n’importe quelle partie de l’organisme. Les formes les plus fréquentes1 sont :

  • Les carcinomes (85% des tumeurs) : désignent toute forme de tumeur cancéreuse qui naît au niveau des cellules épithéliales des organes (bronches, intestins, canaux galactophores du sein, peau…). On parle de carcinomes malpighiens, nés d’un épithélium malpighien, ou d’adénocarcinomes nés d’un épithélium glandulaire.
  • Les sarcomes : se développent aux dépens des cellules du tissu conjonctif, cellules assurant le lien entre les éléments d’un même organe et occupant la fonction de remplissage et de soutien.
  • Les hémopathies malignes : formées de trois types : a) les leucémies affectant les cellules du sang, b) les lymphomes touchant les tissus lymphatiques (ganglions et autres), c) les myélomes caractérisés par une prolifération de certains types de globules blancs dans la moelle osseuse.

Le cancer survient à tout âge – y compris chez l’enfant. L’incidence augmente toutefois de façon quasi exponentielle à partir de 40 ans chez la femme et 45 ans chez l’homme (figure 1).

La structure d’âge d’une population est donc bien le 1er déterminant de la fréquence des cancers.

La maladie évolue le plus souvent lentement et progressivement parfois à partir d’une lésion précancéreuse (ex : dysplasies, polypes) vers une tumeur maligne infiltrante d’abord localisée après une phase occulte parfois longue. La tumeur envahit ensuite l’organe qui lui a donné naissance puis les organes de voisinage. Peuvent survenir des métastases via un essaimage à distance par voies lymphatique ou sanguine, celles-ci étant la principale cause de décès par cancer.

Les transformations initiales de la cellule (processus de cancérogenèse) peuvent provenir des interactions entre les facteurs génétiques propres au sujet et des agents cancérogènes environnementaux pouvant être classés en trois catégories d’agents :

  • Physiques, comme le rayonnement solaire ultraviolet, les rayonnements ionisants…
  • Chimiques, comme l’amiante, les composants de la fumée du tabac…
  • Biologiques, comme certains virus (ex : VIH)

Ceci ouvre la possibilité à la prévention par la limitation possible de l’exposition à ces facteurs de risque. La période des lésions précancéreuses et la phase occulte permettent dans certains cas précis (comme au niveau du col utérin, du colon-rectum ou du sein) le dépistage par examen systématique.

D’une façon générale, plus un cancer est détecté tôt dans son évolution, plus les chances de guérison seront élevées, plus les moyens à mettre en œuvre seront simples, avec moins d’effets secondaires et un coût moindre.

Les traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie) sont souvent associés, décidés en fonction du type de cancer, du stade au diagnostic, de l’âge et de l’état général du patient.

Or, aujourd’hui encore, dans les pays à faible revenu et particulièrement en Afrique francophone subsaharienne, les cancers sont diagnostiqués tardivement, à un stade où la guérison est soit non possible, soit qu’elle requiert des moyens non encore disponibles.

La plupart des patients ne disposent d’aucune couverture sociale de prise en charge ce qui, avec le manque de personnels formés et de structures spécialisées, limite dramatiquement les chances de guérison.

II.1 Rappels

La vie d’une cellule est gérée par deux mécanismes fondamentaux :

  • Quantitatif : renouvellement des cellules (par division cellulaire) et mort cellulaire programmée (apoptose).
  • Qualitatif : spécialisation. Il existe environ 200 spécialisations tissulaires (cœur, poumons, reins…) qui forment les organes dotés des différentes fonctions nécessaires à la vie.

Ces mécanismes sont commandés par l’expression des gènes.

La cellule cancéreuse2 se caractérise par un fonctionnement perturbé des mécanismes quantitatifs (prolifération incontrôlée et perte de l’apoptose) et qualitatifs (spécialisation).

D’autres dysfonctionnements affectent la cellule cancéreuse : capacité à induire une angiogenèse (création de nouveaux vaisseaux sanguins) et capacité à essaimer via la circulation lymphatique et sanguine (métastases).

L’ADN (acide désoxyribonucléique) est essentiellement situé à l’intérieur du noyau et commande le fonctionnement des deux mécanismes (multiplication et spécialisation).

L’ARN (acide ribonucléique) a pour fonction de copier le code ADN pour permettre sa lecture au niveau du cytoplasme cellulaire où sont synthétisées les protéines.

Des erreurs dans la copie peuvent survenir avec en bout de chaîne des protéines anormales.

 

II.2 Le cancer correspond à un dérèglement de la vie cellulaire

 

Un aspect essentiel de la carcinogenèse est lié à la multiplication incontrôlable des cellules.

II.2.1 Les gènes du cancer

Il y a trois grandes catégories de gènes associés au contrôle de la multiplication cellulaire. Normalement, un équilibre permanent existe, qui est rompu en cas de cancer, entre :

  • Les facteurs activateurs (oncogènes : qui accélèrent la division cellulaire).
  • Les facteurs inhibiteurs (anti-oncogènes : qui freinent la division cellulaire).
  • Les gènes de réparation : qui sont capables de détecter et de réparer les lésions de l’ADN ayant modifié les activateurs ou les inhibiteurs.

NB : L’établissement d’une carte d’identité des modifications géniques de la tumeur permet des applications scientifiques et cliniques décisives dans la prise en charge des malades.

Plusieurs types d’altération de gènes à l’origine de cancers sont décrits, par exemple :

  • Cassure, translocation chromosomique (créant un nouveau gène et une nouvelle protéine),
  • Mutations d’un gène générant une protéine anormale,
  • Surexpression générant un surcroît de protéine, etc…

II.2.2 Communications inter et intra cellulaires (signalisations)

Les mécanismes de communication entre les cellules et de signalisation au sein de la cellule sont essentiels à la coordination des cellules. Leur étude est un champ immense de la recherche médicale.

La communication intercellulaire : elle suppose la transmission d’un message (ou signal) par un messager et sa reconnaissance par un récepteur (de nature protéique)

La signalisation intracellulaire : le signal transmis va enclencher dans la cellule une multitude de réactions enzymatiques (tyrosine kinases, MAP kinases…) dont la multiplicité et la complexité rendent compte de la spécialisation de la cellule : on parle de transduction du signal. On peut aisément comprendre que c’est dans la dysfonction de ces voies de signalisation que se situe l’anomalie de coordination – tant au plan quantitatif (multiplication incontrôlable) que qualitatif (perte de spécialisation) qui caractérise les cancers.

Le tabagisme, la consommation d’alcool, une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique et la pollution de l’air sont autant de facteurs de risque de cancer (et d’autres maladies non transmissibles).

Certaines infections chroniques constituent elles aussi des facteurs de risque de cancer, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ 13 % des cancers diagnostiqués dans le monde en 2018 étaient imputables à des infections cancérogènes, notamment celles dues à Helicobacter pylori, au papillomavirus humain (HPV), au virus de l’hépatite B (VHB), au virus de l’hépatite C (VHC) et au virus d’Epstein Barr.

Les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C augmentent le risque de cancer du foie, tandis que certains types de PVH majorent le risque de cancer du col de l’utérus. L’infection à VIH multiplie par six le risque de développer un cancer du col de l’utérus et accroît fortement le risque de développer certains autres cancers comme le sarcome de Kaposi

  1. http://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Types-de-cancers
  2. Collège Français des Pathologistes (CoPath). Available on http://campus.cerimes.fr/anatomie-pathologique/enseignement/anapath_8/site/html/cours.pdf -cellule cancéreuse et tissus cancéreux. Dufour J. Processus de cancérisation. [Internet]. Available on http://vod.ac-montpellier.fr/doc/doc031_1.pdf
  3. Dufour J. Processus de cancérisation. [Internet]. Available on http://vod.ac-montpellier.fr/doc/doc031_1.pdf
  4. World Health Organization. Cancers. 2020.